Un potentiel immense… à manier avec discernement
L’intelligence artificielle s’impose aujourd’hui comme un outil incontournable dans le design. Elle permet de gagner un temps précieux sur la recherche de visuels, et de renforcer les concepts créatifs, notamment en complétant ou en enrichissant des éléments visuels déjà existants. Elle facilite ainsi l’adaptation aux contraintes budgétaires sans sacrifier la qualité. Plutôt qu’un remplacement, elle redéfinit le rôle du designer et enrichit son champ d’action créatif.
Si l’IA ouvre de nombreuses perspectives, elle présente également des limites qu’il est essentiel de prendre en compte. Le droit d’auteur constitue un point de vigilance important : les images générées par IA ne sont, à ce jour, pas protégeables, car elles ne portent pas l’empreinte d’un auteur humain. En parallèle, les « hallucinations » ou erreurs produites par l’IA nécessitent une vérification humaine constante. L’acceptation par le public reste par ailleurs un enjeu clé : certaines marques ou cibles restent attachées à une forme d’authenticité et peuvent se montrer réticentes face à des visuels entièrement générés par IA.
Une réflexion éthique et professionnelle
L’intégration de l’intelligence artificielle dans le domaine du design suscite un vif débat au sein de la communauté créative. Les étudiant·e·s ont soulevé des questions à la fois éthiques, pratiques et créatives, portant sur la place de l’humain dans le processus de création, la propriété intellectuelle, ou encore la fiabilité des outils.
Ainsi, face à l’essor de l’intelligence artificielle, la pérennité des métiers créatifs interroge. Pourtant, la conviction partagée lors de la conférence est claire : le rôle du designer ne disparaîtra pas, il évoluera. L’expertise humaine restera essentielle, notamment en matière de conseil, de stratégie, d’intention artistique et de lecture critique des visuels. L’IA, dans cette perspective, doit être perçue comme un outil puissant, à maîtriser et à intégrer avec discernement dans un processus où la créativité et la direction artistique humaine gardent toute leur place.
Un autre sujet a vivement animé les échanges : l’intégration de l’IA dans les formations en design. Si former les futurs créatifs à ces nouveaux outils semble incontournable, de nombreux participants ont insisté sur l’importance de préserver un socle fondamental : dessin, culture graphique, regard critique, maîtrise des médiums traditionnels. Derrière cette vigilance, une crainte partagée : celle d’une perte de passion, d’un appauvrissement créatif ou d’une uniformisation des productions si l’IA devient l’outil central, au détriment de la sensibilité et de l’intention humaine.
Plus qu’une simple présentation, cette conférence a été une véritable invitation à la réflexion, à l’heure où les technologies évoluent plus vite que jamais, et où les métiers du design se réinventent.
Un grand merci à Laurie Zingaretti pour sa venue, ainsi que pour la qualité et la profondeur de son intervention. Une conférence inspirante, qui nous pousse à penser le design de demain, en gardant toujours un regard critique, informé et engagé.