Découvrir Ida, nouvelle professeure à ETIC
ETIC a le plaisir d’accueillir une nouvelle professeure : Ida, illustratrice et autrice de bande dessinée, au parcours singulier et inspirant. Pour mieux découvrir son univers, le site Blois Capitale lui a consacré un long portrait. L’occasion d’en savoir plus sur son cheminement artistique et sa vision du dessin.
Un prénom qui dit beaucoup
Installée aujourd’hui à Blois, Ida a construit son parcours en autodidacte. Son prénom, issu du germanique id (action) et idis (dame), incarne parfaitement son énergie créative et sa constance. Pour elle, il ne s’agit pas seulement d’un prénom, mais d’une identité vécue, d’une énergie à l’œuvre et d’une fidélité au geste.
Un parcours forgé par le dessin
Depuis l’enfance, le dessin s’impose à Ida comme une nécessité vitale : « Je suis née avec un crayon », aime-t-elle rappeler. Issue d’une famille d’artisans sans ancrage artistique, elle s’est formée seule, par la pratique, jusqu’à ouvrir son propre atelier à seulement 20 ans.
Pendant plus de vingt ans, elle a enseigné le dessin à des centaines d’élèves, tout en poursuivant sa recherche artistique personnelle. Si ses débuts se sont orientés vers la peinture et l’illustration, un stage de scénario animé par Brigitte Luciani à la Maison de la BD de Blois marque un tournant décisif. C’est là qu’émerge son intérêt pour la bande dessinée, médium qui deviendra central dans son travail et qui l’amènera à ses premières publications, avant de développer des projets plus personnels et affirmés.


Œuvres marquantes et récits sensibles
Avec La Voix du Vent (2017) et Le Train cabaret (2018), créés aux côtés de Claire Godard, Ida développe un trait poétique et subtil, au service de récits sensibles. Mais c’est Kamalari qui consacre pleinement son engagement : ce roman graphique retrace le combat d’Urmila Chaudhary, ancienne enfant esclave au Népal. Pour restituer son histoire avec justesse, Ida a mené des recherches approfondies, intégrant des éléments culturels précis, loin de tout exotisme superficiel. Son travail, à la fois graphique et narratif, met en lumière la persévérance et la dignité des femmes face à l’injustice.
Un féminisme narratif, pas militant
Le féminisme d’Ida n’est pas frontal ni militant. Il s’exprime dans la mise en récit de destins féminins, dans cette manière de donner la parole à celles que l’histoire oublie souvent. Ses héroïnes ne sont pas des figures idéalisées mais des femmes réelles, traversées de doutes, de fragilités et de forces.
Le geste avant le numérique
Ida revendique la force du dessin manuel. Elle privilégie l’encre de Chine, l’aquarelle sépia et le lavis, laissant au numérique un rôle d’outil technique pour la mise en page ou le storyboard. Elle rappelle la valeur irremplaçable du trait original, qui transmet une émotion et une présence impossibles à retrouver dans la reproduction. Son œuvre témoigne ainsi d’une fidélité profonde au geste et à la matière.
Pour Ida, l’illustration n’a de sens que si elle sert le récit. « Sinon, ce n’est que de l’ego », explique-t-elle dans l’entretien accordé à Blois Capitale. Sa démarche artistique repose sur une humilité essentielle : le dessin n’est pas une fin en soi mais un vecteur, une voix au service d’histoires humaines et universelles.